Le 19 juin dernier se tenait le comité national d’orientation en matière de santé et sécurité au travail. Ce comité d’orientation se réunit quatre fois par année pour discuter des enjeux de santé et sécurité qui touchent tous les employés du Service correctionnel. Tous les syndicats y sont représentés et UCCO-SACC–CSN a deux sièges au comité. Étaient présents à la réunion précédente, tenue par visioconférence : Frédérick Lebeau, vice-président national, et Martin McAllister, coordonnateur SST pour l’Ontario (en remplacement de James Bloomfield, président régional pour les Prairies). De plus, le coordonnateur SST du Québec, Frédérick Desjardins, était présent pour discuter de l’enjeu des gyrophares sur les véhicules d’escorte. Voici quelques dossiers importants qui étaient à l’ordre du jour.
Programme d’échange de seringues et sites de prévention des surdoses
Encore une fois, l’employeur s’entête à aller de l’avant avec le néfaste programme d’échange de seringues. Lors d’une rencontre avec le secteur des opérations et celui de la santé, l’employeur nous a annoncé la consultation à venir de la future DC 585 sur la stratégie nationale antidrogue. Il semble que le SCC se dirige vers un nouveau modèle encore plus dangereux qui comporte une stratégie nationale pour la drogue. Nos dirigeants sont en train de réunir les conditions parfaites qui nous plongeront dans une nouvelle crise. Le département de la santé souhaite implanter plusieurs autres programmes d’échange de seringues et au moins un site de prévention des surdoses dans la majorité de nos institutions. Certaines de nos institutions détiendront même les deux programmes. Certains gestionnaires régionaux et locaux ont eu accès à une liste d’établissements ciblés, bien que cette liste ait été dressée sans consultation avec le syndicat. Quel manque de transparence futile et désolant !
Malheureusement, « nos voisins de demain » seront assurément plus dépendants des drogues que lors de leur arrivée. L’administration centrale et le gouvernement font donc fausse route.
Programme de protection respiratoire
Lors du dernier mois, un hygiéniste industriel a visité deux établissements dans la région de l’Ontario en compagnie de représentants du Service correctionnel ainsi que du coordonnateur SST de l’Ontario, Martin McAllister. Ces visites s’inscrivent dans l’analyse et la refonte du système de protection respiratoire. L’hygiéniste industriel produira un rapport d’ici quelques semaines et ce dernier devrait être disponible pour consultation lors du prochain comité national. De plus, le Conseil national de recherches du Canada a conduit des simulations d’incendies dans des cellules comportant plusieurs types de matériaux et différent type de fournitures. Les résultats de ces tests devraient être également disponibles lors du prochain comité. Nous suivons ce dossier de très près.
Stratégie nationale globale sur le mieux-être en milieu de travail et le bien-être des employés
Le Service correctionnel travaille toujours sur le dossier du mieux-être en milieu de travail et le bien-être des employés. Nous avons eu droit à une présentation de l’analyse donnée par le groupe qui l’a menée. De nombreux concepts théoriques ont été développés dans le cadre de ses recherches. Qu’est-ce que la stratégie changerait dans le quotidien des agents correctionnels ? Une telle stratégie réduira-t-elle la crainte d’une éventuelle poussée de la violence dans les établissements ? Sans équipement de protection adéquat, pourrons-nous éviter les piqûres accidentelles avec des aiguilles contaminées ? Les détenus devront-ils davantage rendre des comptes ? Seront-ils imputables quant aux actions qu’ils commettent ? Facilitant ainsi notre rôle tout en nous donnant le pouvoir réel d’apporter des changements ? Le mieux-être au travail et le bien-être des employés peuvent se concrétiser par plusieurs éléments et non par des théories abstraites ou académiques. L’employeur a encore beaucoup à faire pour obtenir la note de passage en ce qui concerne le bien-être au travail. Lors des journées de canicule, par exemple, il pourrait distribuer des bouteilles d’eau fraîche ou du Gatorade. Il s’agit là d’un geste simple et peu coûteux que nous avons déjà évoqué. Malheureusement, il semblerait que cette suggestion ait été rapidement oubliée après la discussion.
Gyrophares sur les véhicules d’escorte
De nombreux invités spéciaux étaient présents pour répondre et démontrer à Emploi et Développement social Canada du bon déroulement de la consultation et pour donner suite aux nombreuses plaintes (127) à ce sujet en provenance du Québec. Cet enjeu perdure depuis septembre dernier au Québec et depuis 2012 dans le reste du pays. Nous avons demandé à l’employeur l’accès au procès-verbal de la réunion de 2012 qui a mené à cette décision pour le pays et l’accès à l’analyse des risques qui a été réalisée à cet effet. Nous avons également demandé l’accès au travail de consultation effectué à l’époque pour nous permettre de bien comprendre la décision prise et qui affecte les conditions de travail de tous les agents correctionnels au pays. Toutes ces questions et ces demandes sont demeurées sans réponse. Le travail effectué dans la région du Québec ces derniers mois, avec l’appui de représentants nationaux, a été bâclé par les gestionnaires de l’époque attitrés au dossier. Toutefois, ce travail sera revu et réorganisé conjointement avec la nouvelle équipe du secteur des opérations. Nous devons recommencer cette consultation afin de planifier de façon commune le retrait ou le maintien des gyrophares sur les véhicules d’escorte à la suite de l’analyse du dossier. Les risques dans ce dossier sont bien réels. D’ailleurs, lors de l’évacuation à Port-Cartier, ces risques se sont concrètement manifestés. Un malheureux accident aurait pu se produire sans la vigilance accrue des agents de corrections affectés au transfert. Malheureusement, ce dossier nous fournit un nouvel exemple de priorité donnée aux économies plutôt qu’à la sécurité.
Mise en œuvre de la stratégie nationale de nettoyage du SCC
Nous avons de bonnes nouvelles ! Le Service correctionnel a pu obtenir des budgets pour assurer des services de nettoyage professionnels dans nos lieux de travail. De nombreuses zones non accessibles aux détenus seront dorénavant nettoyées par des entreprises spécialisées afin que nous puissions travailler dans des milieux propres et exempts de germes.
Allocation de bottes de travail pour les agents correctionnels
Nous travaillons avec l’employeur pour faire augmenter notre allocation de bottes de travail. Une analyse a été conduite par un groupe de travail dont faisait partie Frédérick Lebeau, vice-président national, et James Bloomfield, président régional des Prairies. L’analyse démontre que l’allocation reçue cette année n’était plus adéquate compte tenu de l’inflation des dernières années. La dernière évaluation avait été effectuée en 2014. Le groupe de travail a recommandé un montant de 400 $ alloué aux deux ans. Cette recommandation sera soumise au cours des prochaines semaines au service des finances et devrait être mise en œuvre dans deux ans. Nous avons demandé s’il était possible d’obtenir un financement provisoire en vue d’une allocation bonifiée pour l’exercice 2025-2026, mais nous attendons toujours la réponse de l’employeur.
Pour terminer
Bien sûr, vous êtes conscients de l’importance du comité national d’orientation en matière de santé et de sécurité dans la réalisation d’une consultation réelle et efficace, comme le prévoit le Code canadien du travail, partie II. Bien que l’employeur ait signifié son désir de travailler de manière constructive et consensuelle avec les employés, nos représentants constatent peu de changements réels depuis mars 2024. Plusieurs dossiers traités par le comité ont ou auront un retentissement important sur nos conditions de travail, notre santé et notre sécurité. Malheureusement, l’employeur tend à utiliser le comité comme un indicateur de rendement et ne fait pas de vrais efforts pour respecter ses obligations légales. Bien que notre employeur prétende reconnaître la primauté du droit dans sa mission et ses valeurs, nous constatons qu’il prend ses obligations à la légère. Emploi et Développement social Canada est l’organisme responsable de l’application de la partie II du Code canadien du travail. Nous demanderons prochainement de l’aide si aucun changement significatif n’est apporté à la santé et à la sécurité de nos membres. Aucun agent correctionnel ne devrait subir d’accident de travail dû au laxisme ou à la piètre gestion du comité.