La santé et la sécurité sont-elles optionnelles selon le Service correctionnel et ses représentants ?
Le 26 février dernier, le comité national d’orientation en matière de santé et de sécurité (CNOSS) s’est rencontré à Ottawa. Tous les délégués régionaux en santé et sécurité étaient présents pour y assister ainsi que pour participer à une réunion annuelle portant sur les enjeux majeurs de notre profession. La semaine fut bien remplie, offrant l’occasion de discuter de nombreux sujets touchant tous les agents correctionnels au pays.
L’ordre du jour de la réunion avec l’employeur était très chargé, mais le temps accordé à cette rencontre était insuffisant. Depuis la crise sanitaire du COVID-19, l’employeur a adopté un format hybride, limitant la durée des discussions à deux heures trente. Il serait nécessaire de réévaluer ce format et le temps dédié à un dossier aussi crucial. La santé et la sécurité ne peuvent être traitées à la va-vite. Ces rencontres abordent des enjeux, des risques et parfois même des dangers concrets pour les agents correctionnels. Le format actuel ne favorise ni une consultation saine ni une collaboration efficace. Il y a plus d’un an, nous avions exposer nos inquiétudes quant à l’engagement de l’employeur envers ce comité. Depuis, peu de progrès ont été réalisés. L’employeur considère-t-il la santé et la sécurité comme un simple indicateur de rendement, ou y accorde-t-il une valeur réelle ?
Voici un résumé des principaux enjeux que nous avons pu évoquer avec l’employeur :
- Menaces envers le personnel et programme de protection des employés
Nous attendons toujours une analyse approfondie de l’employeur sur ce sujet. Les cas de menaces sont en hausse, en particulier dans la région du Québec. Par exemple, un détenu a causé de nombreux problèmes à l’établissement de Donnacona. Le comité s’emploiera à analyser le traitement de ce type de cas afin d’améliorer la sécurité de nos membres.
- Programme d’échange de seringues
Le Service correctionnel du Canada a présenté les dernières statistiques relatives au programme d’échange de seringues et aux sites de prévention des surdoses. Suite à un incident survenu à Springhill, où un agent a été blessé par une aiguille souillée, nous avons proposé une pause dans l’implantation de ce programme, au moins en attendant d’avoir de véritables gants résistant aux piqures de seringues. L’employeur, en introduisant des risques supplémentaires sans fournir d’équipement adéquat pour mitiger ces risques, augmente le danger pour les agents correctionnels. Or, nous n’avons toujours pas de gants appropriés résistant aux seringues. De plus, nous avons appris que les cas d’hépatite B et C augmentent dans certains établissements où ces programmes sont mis en oeuvre. La stratégie de réduction des méfaits vantée par le Service correctionnel semble produire l’effet inverse.
Malheureusement, l’employeur a rejeté notre demande de pause et de réévaluation.
- Gyrophares
Un sous-comité a été formé afin d’évaluer le retrait des gyrophares dans la région du Québec. Nous demandons une analyse des risques à l’échelle nationale, car il n’est pas certain que ce travail ait été fait en 2012. Le programme de prévention des risques exige une évaluation tous les trois ans ou en cas de nouvelles informations. L’impact du retrait des gyrophares sur la conduite en situation d’urgence, les convois avec les forces de l’ordre et les évacuations pénitentiaires doit être analysé. Une formation en conduite à haut risque pourrait s’avérer nécessaire.
- Réanimation cardio-respiratoire
Le Service correctionnel souhaite réintroduire les insufflations d’urgence lors des manœuvres de réanimation cardio-respiratoire, craignant des poursuites judiciaires. Nous avons soulevé des questions sur la formation, l’état des masques de poche et la nécessité réelle de cette mesure. L’employeur veut réintroduire temporairement ces masques afin de former tous les agents à l’utilisation des ballons de ventilation. Bien que nous accueillions favorablement cette formation, il est primordial d’assurer une transition harmonieuse et une uniformisation des pratiques à l’échelle nationale.
En conclusion
L’approche de l’employeur face à ces dossiers est inefficace et nuisible. Une collaboration basée sur le consensus est indispensable pour garantir la sécurité des agents correctionnels. Pourtant, l’employeur se contente d’une consultation superficielle et sans engagement réel. La santé et la sécurité des agents correctionnels au Canada sont primordiales et non négociables. Une plainte officielle a été déposée afin de redresser cette situation de façon définitive.
La santé et la sécurité sont-elles optionnelles pour le Service correctionnel et ses représentants ? L’employeur devrai nous démontrer que c’est le cas, ou il trouvera UCCO-SACC-CSN en travers de son chemin.